L’ESPACE SINGULIER … Présentation
l’Espace Singulier … Pfouuu … Sacrée révélation ! Envie de faire un peu d’embryologie, de trouver les mots clairs pour dire comment cette chose a poussé dans le grand ventre et au grand vent…
L’Espace Singulier, au début, un espace tout seul… créé pour ouvrir des possibles différents du modèle de développement proposé par la société à nous les humains.
Il me semblait que nous vivions dans une société ou presque tout était basé sur la notion de réussite.
La réussite, ou l’efficience, valorisée dès notre jeune âge dans l’éducation, puis le monde professionnel, et le modèle idéalisé de la famille.
Et même dans nos loisirs, dans des activités artistiques ou sportives, nous aurions bien comme une tendance à favoriser les activités qui nous renvoient une image agréable ou bien nous donnent une sensation de compétence en termes de résultats.
Il y a des chances que cela réduise notre liberté : nous pouvons rester indéfiniment à explorer la plupart du temps autour de ce que nous savons bien faire, par recherche de gratification, de réassurance.
Et alors, notre disponibilité au champ foisonnant des surgissements ou des explorations qui sont possibles au sein du champ total de ouf des expériences reste réduite ou un peu fermée.
Et aussi nous avons tendance à abréger certaines expériences que nous faisons de notre expression, ou même carrément à les étouffer dans l’oeuf si le résultat qui émerge ne nous gratifie pas d’un joli reflet.
Comme s’il y avait en nous un contrôleur qui juge si la qualité de cette expression-ci est suffisante pour être admise à circuler dans monde ou pas. ça me touche.
Je crois que cette forme de contrôle ou de validation conditionnelle est à l’origine de grandes souffrances, puisque finalement nous ne pouvons pas nous présenter spontanément tels que nous sommes.
Nous empruntons des « exhausteurs de personnalité » pour être mieux perçus et reçus par les autres ou par nous-même, pour nous présenter au mieux, alors que l’accueil sans conditions, tout simple, spontané et ouvert du vivant que je suis, tel que je suis, ou de l’autre tel qu’il est, avec les peurs, crispations ou difficultés éventuelles qui traversent cet organisme, pourrait apaiser une grande part de la violence qui règne entre nous.
Et par-dessus ça, cette forme de contrôle semble produire en nous comme un durcissement ou une tension, qui nous empêche de sentir, percevoir clairement ou suivre spontanément toutes les informations intuitives, qui sont comme des boussoles magnétiques pour nous permettre de nous orienter .
Alors voilà, la gestation de l’Espace Singulier a été pour moi l’aventure de découverte d’un chemin d’accompagnement exigeant, autour de l’idée de faire l’expérience « gratuite » de l’action (ou de l’inaction !) spontanée, de l’interaction du corps avec son environnement ou avec n’importe quel matériau, juste pour le plaisir de l’expérience.
Pour le plaisir de laisser l’intuition jouer à travers nous la musique du vivant sans à aucun moment évaluer ce que cela donne, tel que le fait un jeune enfant qui découvre le monde en rencontrant corporellement ce qui se présente.
Ma première expérience d’expérimentation du mouvement spontané s’est faite à travers la pratique de la Danse Singulière, auprès de Marc Guiraud, avant ça je vivais comme un robot.
Puis au fil des ans sont venues des explorations autour de la voix spontanée, du mouvement plastique spontané, du corps spontané dans la nature, de l’écriture automatique, de la pratique du Mouvement Authentique, de la poésie orale spontanée, de l’improvisation sonore, du clown, de la mise en jeu immédiate corps/voix/son/parole…
Ce qui a émergé progressivement pour moi à travers ces explorations, c’est la disparition du jugement sur ce qui était en train de se dérouler, et un sentiment très fort d’unité, de paix, et d’amour, du fait que la totalité de l’expérience vécue était validée telle qu’elle était.
Il n’y avait plus rien à atteindre, rien à faire, même, juste à laisser faire et ressentir ce qui était.
L’image qui m’est venue était celle d’avoir un robinet vissé au sommet de mon crâne, par lequel aurait pu s’écouler la source, c’est-à-dire une expression d’être, dans le monde, et que durant une partie de ma vie je ne l’avais laissé couler qu’avec rétention.
D’abord goutte à goutte, puis en ouvrant un peu plus progressivement. Et puis finalement, la possibilité d’ouvrir en grand ce robinet, et de laisser couler l’abondance, sans avoir peur de ce que cette source puisse éclabousser ou déranger qui que ce soit, sans savoir ce qui allait sortir mais avec la confiance que c’est la source de la vie, et qu’il n’y a pas de meilleure option que de la laisser couler librement.
Ces explorations se sont progressivement partagées dans les accompagnements individuels ou de groupe.
Et progressivement, les accompagnements individuels ou en groupe se sont libérés d’une forme de « contrôle qualité » de ma part pour être remis entre les mains du flux intuitif, qui peut aussi être nommé flux canalistique.
Voilà, c’est à ces explorations que nous convie l’Espace Singulier à l’intérieur de ses murs ou en vadrouille partout où il est invité, c’est dit !
Et gratitude aux explorateurs !
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Mon parcours personnel : l’expérience et la création d’espaces favorisant la liberté de mouvement de l’être , qui s’est précisée, enrichie, étoffée, depuis la psychomotricité au mouvement spontané à travers différentes pratiques corporelles (Danse, Mouvement Authentique, Clown, corps aquatique, improvisation vocale, improvisation sonore, improvisation plastique, écriture spontanée,) pratiques qui, tels des ingrédients savoureux, mélangèrent progressivement leurs parfums dans le chaudron de mon expérience, jusqu’à ce qu’elles deviennent à même d’être offertes à d’autres personnes pour leur élargissement.
Et puis, dans le courant de ce flux, la découverte que le corps amené à être vide d’attentes et d’intention devient un espace d’expression et de transmission de quelque chose de plus grand, au service de la situation vivante.
Un corps médium qui sert l’intelligence collective.
Qui peut accompagner, soigner, mais aussi vivre une vie quotidienne bien plus féconde.
Mireille Pioche